
Coaching par les pair-e-s en Indonésie: améliorer ensemble l’enseignement
En Indonésie, le Centre pour le développement et la coopération CDC de la BFH a organisé pour la deuxième fois une formation continue en ligne de didactique pour le corps enseignant des hautes écoles spécialisées. L’efficacité pédagogique de ce «coaching par les pair-e-s» est plus élevée et plus durable que celle des offres de formation continue classiques, selon Oliver Jancke, responsable associé du projet. La méthode doit maintenant être appliquée à titre expérimental au sein de la division Bois de la BFH.
Oliver Jancke, collaborateur scientifique au Centre pour le développement et la coopération CDC, BFH
Avec plus de 260 millions de personnes, l’Indonésie est le quatrième État le plus peuplé de la planète. Depuis la crise financière qui a frappé la région à la fin des années 1990, ce pays d’Asie du Sud-Est enregistre une croissance économique impressionnante. Or tout le monde n’en profite pas: quatre habitants sur dix continuent de vivre à peine au-dessus du seuil de pauvreté. Deux problèmes principaux se posent: les emplois sont rares pour les jeunes et les qualifications dans cette classe d’âge sont souvent insuffisantes.
De la formation professionnelle pour l’Indonésie
Le programme Skills for Competitiveness (S4C), prévu sur huit ans, doit contribuer à améliorer la situation dans ce domaine. Financé par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO), il est mis en œuvre conjointement par le Centre pour le développement et la coopération CDC de la BFH, par Swisscontact et par SITECO. Il s’agit d’une part de former du personnel qualifié dans les domaines du bois, des denrées alimentaires, du métal et de la chimie des polymères, et cela dans cinq hautes écoles indonésiennes. Un système de formation duale doit d’autre part être mis en place dans tout le pays en coopération avec le gouvernement national.
Au début 2020, la pandémie de coronavirus a aussi frappé l’Indonésie et son système de formation. Les hautes écoles impliquées dans le programme ont donc dû passer à l’enseignement à distance. L’infrastructure numérique disponible n’était toutefois pas adéquate et une bonne partie des étudiant-e-s ne bénéficient pas d’un accès stable à Internet. C’est pour cette raison qu’a été mis sur pied ces derniers mois un programme de formation continue, dans le cadre de S4C, sous la forme d’un coaching par les pair-e-s impliquant 32 enseignantes et enseignants dans quatre hautes écoles. Le but était de leur permettre d’améliorer clairement et rapidement leur enseignement à distance.

Éviter l’approche descendante
«Ce qui est important, dans le coaching par les pair-e-s, c’est que les contenus proviennent directement du quotidien des personnes chargées de l’enseignement, plutôt que d’être imposés», explique Oliver Jancke, du CDC, qui a dirigé la formation continue avec son collègue de la BFH Almin Prosic. «La formation continue elle-même doit aussi être intégrée au quotidien pédagogique des participant-e-s, afin qu’ils puissent appliquer, évaluer et améliorer directement les nouvelles approches.»
Le coaching par les pair-e-s se fonde sur cinq points essentiels: planifier, enseigner, échanger, réfléchir et améliorer. Pour commencer, les personnes qui y participaient ont reçu des informations didactiques pendant un atelier de trois heures. Par la suite, dans le cadre de groupes de quatre personnes, on a déterminé des contenus et des tâches, et discuté de leur mise en œuvre concrète entre collègues et avec les responsables de cours. Lors de l’étape suivante, les participant-e-s se sont observés les uns les autres durant l’enseignement à distance. Des sessions de coaching par les pair-e-s ont alors permis de discuter des résultats et des observations faites. Avec leurs collègues de la BFH, les enseignants indonésiens ont formulé des propositions d’amélioration, qui ont débouché sur de nouvelles tâches pour l’enseignement. Dans le cadre d’un nouveau cycle, qui a de nouveau débuté par un atelier avec des contenus didactiques, ceux-ci ont encore été mis en œuvre, discutés et analysés.
Aussi bon pour les enseignant-e-s que pour les étudiant-e-s
Les résultats se sont avérés réjouissants. «Le personnel enseignant indonésien a surtout profité des phases de mise en œuvre accompagnée, qui lui ont permis de se familiariser pas à pas avec les nouvelles méthodes, puis de les améliorer», précise Oliver Jancke. Dewi Purnama Sari, une enseignante de chimie minérale qui dirige l’équipe de didactique électronique à l’école polytechnique d’industrie métallurgique de Morowali, le confirme: «Grâce à la formation pédagogique en ligne, nous avons pu réunir de précieuses expériences et acquérir de nouvelles connaissances utiles sur la planification, la mise en œuvre et les méthodes d’évaluation de l’enseignement. Nous avons ainsi obtenu de bons résultats tant pour les étudiant-e-s que pour les enseignants.»
Le coaching par les pair-e-s est une méthode de formation continue efficace et relativement peu couteuse. Il n’est toutefois pas nouveau: il est utilisé avec succès depuis les années 1980 dans des institutions de formation et – sous une forme un peu différente – dans les groupes d’échange d’expériences du monde économique. Le processus dynamique d’accompagnement mutuel des enseignants et l’amélioration permanente des méthodes fondée sur les expériences faites, qui tous deux reposent sur la confiance réciproque, s’avèrent déterminants pour la réussite du coaching par les pair-e-s, selon Oliver Jancke: «C’est cet aspect qui distingue le coaching par les pair-e-s des cours de formation continue classiques que l’on fréquente une ou deux fois et dont on applique les enseignements acquis seul dans son coin.»
Un projet pilote à la BFH
Le coaching par les pair-e-s va donc également être introduit à la BFH par l’intermédiaire d’un projet pilote mené avec le personnel enseignant intéressé de la division Bois. Oliver Jancke souligne que l’observation mutuelle des cours n’a rien à voir avec le contrôle. «Il s’agit au contraire d’une source d’inspiration qui aide à analyser son propre enseignement, à le développer et finalement à l’améliorer et à le rendre plus efficace.»
Pour la BFH, la formation didactique en ligne telle qu’elle a été appliquée en Indonésie offre aussi la possibilité de contribuer dans le monde entier à l’amélioration de l’enseignement dans les hautes écoles. Dans le cadre de nombreux projets de formation auxquels le CDC participe, de nouvelles conclusions et perspectives voient le jour. «Les mandats tels que celui que nous avons assumé dans les hautes écoles indonésiennes durant la pandémie nous permettent toujours simultanément d’élargir notre horizon», constate Oliver Jancke. «Ils nous fournissent aussi des suggestions pour des projets à la BFH elle-même, si bien qu’ils exercent des effets positifs directs sur le développement de l’organisation de notre haute école.»
Co-Auteurs
Dr Cornelius Oesterlee, responsable de la filière de bachelor en Technique du bois, BFH
Markus Schaer, responsable du Centre pour le développement et la coopération CDC, BFH
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