
Collaboration intégrée: enthousiasme et confiance
Le modèle de bâtiment virtuel est la pièce maîtresse de la planification numérique. Les travaux de construction affichent une complexité toujours plus grande et sont soumis à des pressions économiques, sociales et écologiques accrues. Les équipes de planification doivent relever ces défis et elles cherchent des solutions adaptées pour y parvenir.
Une vraie gymnastique intellectuelle: des modèles 3D tournent sur les écrans dans les bureaux de planification. Les données obtenues sont envoyées simultanément et de manière automatisée sur l’imprimante 3D du bureau et sur le chantier. Les matériaux sont représentés de manière tellement réaliste qu’on voudrait se prélasser immédiatement dans la baignoire qui se trouve devant soi. Mais lors de la visite en réalité virtuelle organisée pendant une réunion avec le maître d’ouvrage, c’est uniquement l’aspect de la baignoire qui devient réel. L’application de réalité physique intégrale* présente un bug au niveau du module de sensibilité tactile*, ce qui empêche malheureusement la sensation de toucher et la découverte sensorielle du matériau conceptualisé lors de la visite.
En fait, nous sommes encore loin de la réalité physique intégrale qui permet de profiter d’un bain moussant virtuel avec tous ses sens, ou des impressions 3D entièrement automatisées, lancées directement par les participant‑e‑s à la planification à partir de modèles 3D.
Même les technologies avancées ne peuvent pas résoudre à elles seules les problématiques liées à la fragmentation des étapes entre la planification et la réalisation, à la méfiance et aux limites des parties prenantes ainsi qu’à é’absence d’objectifs formulés par le maître d’ouvrage. En soi, l’utilisation de la technologie et des outils numériques n’augmente pas automatiquement la qualité d’utilisation et de conception des bâtiments ni leur valeur pour la société. Les défis consistent à intégrer toutes ces opportunités dans les processus de planification et de réalisation d’un bâtiment en leur donnant du sens.
La construction dans un environnement numérique devient plus complexe
La construction dans un environnement toujours plus numérique devient plus complexe. C’est pourquoi il est important, aujourd’hui plus que jamais, d’utiliser des méthodes et des instruments professionnels de gestion de projet lors de la planification et du traitement des projets de construction. Les conditions qui rythment nos sociétés, telles que la pression sur les prix ou les délais serrés, tout en attendant une qualité maximale, comptent parmi les facteurs déterminants qui exigent une gestion professionnelle pour mener à bien les projets. Il est important de transmettre les compétences, les méthodes et les outils nécessaires pour planifier et gérer avec succès des projets de construction de tous types. L’une des clés de la réussite est une culture durable de la collaboration entre tous les participants au projet dans un environnement de construction de plus en plus numérique.
Comment peut-on établir et promouvoir cette culture de la collaboration durable dans les projets de construction? Le secteur est en effet réputé pour définir clairement les limites de l’entreprise et se méfier en permanence des autres parties prenantes, des qui comportements entravent les formes de travail ouvertes et les processus transparents.
Confiance mutuelle
L’approche repose sur la confiance mutuelle où la manière de travailler ensemble et de s’estimer est prometteuse pour toutes les personnes concernées. Cela inclut aussi bien les maîtres d’ouvrage que les personnes impliquées dans la planification, l’exécution et l’utilisation. Les formes intégrées de collaboration ne peuvent pas être régies et imposées aux collaboratrices et collaborateurs par de simples clauses contractuelles et des piles de papier. La voie de l’exemple, de l’enthousiasme et de la confiance semble être la plus prometteuse à ce stade.
Cela implique de revoir la conception de l’enseignement et la transmission des connaissances, à commencer par la formation initiale et continue. Aujourd’hui, la difficulté liée aux cours réside dans le fait que les connaissances sont principalement transmises au moyen de présentations comptant des centaines de diapositives, lors de cours magistraux classiques – la méthode par excellence des «anciennes» formes d’enseignement et l’analogie parfaite des modèles de travail conventionnels dans le secteur de la construction. L’humain n’étant pas au centre de la réflexion, aucun de ces deux modèles ne se révèle efficace.
Dans le cadre du CAS Gestion de projets de construction, la Haute école spécialisée bernoise BFH propose le module
«Modèles de prestataires de services et formes de collaboration dans les projets de construction analogiques et numériques». Ce dernier met l’accent sur les modèles et les formes de collaboration intégrée. Pendant la préparation du CAS, des échanges et un dialogue ont été menés afin de trouver le moyen de mieux communiquer sur le sujet. Le résultat de ces travaux est un format d’enseignement où les modèles actuels et modernes de collaboration sont élaborés de manière active et conjointe. Les étudiant‑e‑s abordent ces thèmes de manière à la fois ludique et approfondie. Ils combinent des formes analogiques et numériques, conçoivent ensemble le contenu du cours et osent une nouvelle expérience. Ils découvrent la collaboration intégrée et constatent qu’elle peut s’appliquer à tous les domaines.
La mise en place de tels modèles de collaboration s’avère complexe dans le contexte de projets de construction réels. Il est capital de motiver un plus grand nombre d’actrices et acteurs ayant des intérêts individuels opportuns. De même, le niveau de connaissances varie entre les personnes concernées. Souvent, elles n’ont pas non plus d’expérience des modèles de collaboration intégrée. Cependant, lorsque les maîtres d’ouvrage décident de participer au contenu et aux aspects techniques du projet tout au long de la phase de planification et de réalisation, le facteur confiance joue un rôle central.

Discussion d’égal-e à égal-e
Une collaboration réussie qui favorise l’utilisation de méthodes numériques porteuses de sens commence par la formulation d’objectifs mesurables. Outre les objectifs économiques, de délais et de qualité, les participant‑e‑s doivent également réfléchir à des objectifs plus larges. Il est essentiel de communiquer de manière ouverte et transparente, et de se concentrer en priorité sur la réussite commune du projet. Des mesures d’action concrètes sont ensuite élaborées à partir des objectifs formulés. Les interactions entre les divers objectifs s’avèrent ici pertinentes, par exemple entre les objectifs «satisfaction des parties prenantes» et «méthodes de travail numériques». Il est possible d’envisager comme mesure l’utilisation de modèles numériques d’ouvrages et d’applications de suivi basées sur ces derniers, comme la réalité virtuelle (VR). La technologie VR permet aux participant‑e‑s d’échanger d’égal à égal lors du processus de planification, un atout considérable lorsqu’il s’agit de travailler au sein de comités mixtes accueillant des non-spécialistes. La VR réduit les malentendus et permet d’avoir des discussions approfondies. Ensemble, il est possible d’élaborer des solutions optimales et de bâtir un climat de confiance. Ainsi, l’utilisation de la technologie et des méthodes de travail numériques livre des bases de décision sûres et garantit la satisfaction des parties prenantes. En conclusion, on peut dire que les technologies et les méthodes numériques sont efficaces uniquement si elles sont intégrées dans des processus et des formes de collaboration modernes. Les obstacles existants doivent être surmontés grâce au courage, à la confiance et à l’enthousiasme de certaines parties prenantes, et il faut apporter la preuve qu’il vaut la peine d’emprunter de nouvelles voies.
* Désignations libres.
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