La méthode BIM et les écobilans

La méthode BIM permet de modéliser l’ensemble du cycle de vie d’un ouvrage, mais elle est encore peu utilisée pour les bilans écologiques de bâtiments. Cependant, la pression monte en faveur d’une meilleure analyse environnementale et les possibilités techniques existent. Petit tour d’horizon.

Dr Christelle Ganne-Chédeville, collaboratrice scientifique, BFH

Dans son article paru dans spirit biel/bienne  2/20, l’équipe de recherche a montré qu’il existe un engagement fort de la part de la communauté scientifique pour mettre en place des mesures permettant de réduire l’impact environnemental des bâtiments, comme le propose la déclaration de Graz. Il s’agit notamment de la mise en place de systèmes de référenciation basés sur les émissions de CO2 pour l’ensemble du cycle de vie. Cela signifie que les appels d’offres vont bientôt s’orienter sur des valeurs limites d’émissions. Les critères fixés par les labels de développement durable ne vont actuellement pas aussi loin, mais ce n’est qu’une question de temps. Procéder à des calculs d’écobilan précis présente un autre avantage : à partir d’un modèle numérique, il est possible d’optimiser l’ouvrage sur la base de critères environnementaux bien avant l’appel d’offres. Cela permettrait de repenser la conception et de promouvoir des systèmes et des matériaux plus performants sur le plan environnemental.

Des étapes numériques simplifiées pour un résultat rapide

L’intégration des écobilans dans le processus de planification peut être facilitée par l’utilisation de la méthode BIM. Les phases de planification sont décisives pour le choix d’un flux de travail approprié. Par exemple, il peut suffire d’effectuer une première quantification dans un avant-projet à l’aide de tableurs. Dans la phase d’appel d’offres, de mise en œuvre et de gestion, un écobilan basé sur la méthode BIM fournit non seulement des résultats plus précis, mais aussi une méthode de travail efficace et un échange de données entre tous les participants. Des programmes spécifiques pour les écobilans de bâtiments permettent d’importer un modèle en 3D en utilisant le format d’échange IFC et d’obtenir une communication claire des résultats.

La saisie et l’évaluation directes des données d’écobilan dans le modèle 3D, mot-clé Big-Open BIM, sont actuellement testées et développées par différents fabricants de logiciels. La publication des données numériques découlant d’écobilans de matériaux et d’éléments de construction constitue un élément important de cette méthode.

Désirs d’harmonisation et prise en compte de spécificités locales

Il subsiste encore quelques difficultés liées notamment aux données sources et aux indicateurs environnementaux choisis. En Europe, la norme EN 15804 fixe les règles de calcul d’écobilans pour les déclarations environnementales de matériaux de construction de fabricants spécifiques, ainsi que les indicateurs à considérer. En Suisse, la KBOB procure des écobilans génériques dont les étapes de vie déclarées et les indicateurs environnementaux divergent en partie de la norme européenne. Mais une harmonisation est en cours. En effet, plus la planification du bâtiment progresse, plus la nécessité de remplacer les données génériques par des données spécifiques augmente. Ces dernières étant encore trop rares en Suisse, les fabricants de matériaux de construction devraient mettre rapidement leurs données environnementales à la disposition des planificateurs pour faciliter les écobilans basés sur les modèles numériques.

Coauteur: Gunther Ratsch, Lignum/étudiant MSE à la BFH

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