Le bois fait ses preuves dans l’espace urbain

La construction en bois renait au cœur des villes. Elle en avait été largement bannie parce que des incendies avaient anéanti plusieurs cités entre le Moyen Âge et la fin du XVIIIe siècle – comme ce fut le cas de Bienne en 1367 – faisant en une nuit des centaines de sans-abris. Les «nouveaux» matériaux tels que l’acier et le béton s’étaient en outre fait une place de choix.

La construction en bois a pris ses quartiers en ville pour les bâtiments de quelques étages et même bien au-delà. Une multitude de bâtiments élevés à structures porteuses en bois sont apparus dans les villes du monde entier au cours des années passées. Les expériences faites dans ce contexte sont positives, si bien que les investisseurs misent désormais davantage sur le bois pour la construction.

Comment expliquer cette évolution? Dans les zones du centre-ville, il faut souvent édifier ou remplacer des bâtiments le plus rapidement possible, dans un espace restreint et sans causer d’émissions excessives. La densification des zones bâties existantes – qu’il s’agisse de rajouter des étages, d’agrandir un bâtiment ou de combler des vides – constitue un thème crucial. Il n’est donc pas étonnant qu’on souhaite bâtir de plus en plus haut – même avec du bois. En Suisse, le cadre général établi par le droit de la construction contribue à cette tendance. Grâce à des travaux cohérents de recherche et de développement menés par les hautes écoles et les instituts de recherche, en coopération avec l’économie du bois, il a été possible d’établir des bases solides qui ont permis de libéraliser le droit suisse de la construction et d’ouvrir la voie aux bâtiments en bois.

Cela suppose toutefois une planification constante, et les procédures correspondantes ont aussi évolué. La planification traditionnelle encore souvent réalisée sur place durant le chantier va entièrement disparaitre dans un futur proche. La planification prospective intégrale, usuelle dans la construction en bois, évite les surprises durant les travaux. Elle engendre aussi une qualité élevée du bâtiment et réduit fortement les incertitudes en matière de couts.

Une question de volonté politique

À juste titre, on accorde de plus en plus d’intérêt à l’approche du cycle de vie pour les investissements réalisés dans le domaine de la construction. L’efficacité des ressources, les émissions de Co2, l’énergie grise, mais également l’entretien gagnent en importance. En raison de la prise de conscience liée au climat, ainsi que pour des motifs économiques, ces aspects constituent de nos jours d’importants critères de décision. De nombreuses communes disposent de volumes de bois considérables. Avec des bâtiments de plus en plus gros, il est important de favoriser les itinéraires de transport courts et l’accès à de grandes quantités de bois pour le processus de construction. Le canton de Berne joue les pionniers. Depuis 2009, il encourage systématiquement la construction durable en bois pour ses édifices publics.

En Europe, c’est de plus en plus la volonté politique qui impose des zones urbaines bâties entièrement en bois. La ville française de Strasbourg en est un bon exemple: dans le quartier des Deux Rives, une nouvelle zone à bâtir a été équipée, sur laquelle on ne peut construire qu’en utilisant des matériaux durables, par exemple du bois.

À Wangen im Allgäu (Allemagne), une zone à bâtir a été étendue, dans laquelle la volonté politique a imposé des réalisations en bois. Lors du concours lancé pour la grande exposition d’horticulture qui s’y tiendra en 2024, la construction durable en bois a été mentionnée comme l’un des principaux critères d’attribution.

Bienne bientôt capitale helvétique du bois?

À Bienne, dans les années 1990, le nouveau bâtiment de ce qui était alors l’École suisse du bois a marqué non seulement l’histoire de la construction en bois, mais également celle de l’architecture. Par la suite, ces années passées, plusieurs bâtiments impressionnants, souvent de grande taille, ont été réalisés à Bienne à l’aide de bois. Outre l’ancien bâtiment de SolarMax, il s’agit par exemple du bâtiment administratif et manufacturier d’Omega SA, ainsi que du tout nouveau bâtiment de Swatch SA.

Les nombreuses extensions de bâtiments scolaires que la ville de Bienne a construits pour sa relève intéressée par le climat ont aussi contribué à la densité des édifices en bois. Le futur campus de la BFH de Bienne constituera un autre jalon de l’histoire de la construction en bois de la cité. Les regards des spécialistes sont déjà tournés vers la ville du pied du Jura.

Du savoir-faire biennois pour la construction en bois

La Haute école spécialisée bernoise BFH est à la pointe lorsqu’il s’agit de créer du savoir-faire, de le diffuser et de préparer les professionnels aux défis futurs de la construction en bois, grâce à des cours de formation et de perfectionnement.

En septembre 2021, la quatrième International Conference on Timber Bridges (ICTB 2021) aura lieu à Bienne sous la direction de la BFH et de l’Empa. En 2022, ce sera le tour de l’INTER (International Network on Timber Engineering Research). Pour cette conférence internationale qui rassemble chaque année les meilleurs spécialistes du bois, le nouveau bâtiment du campus de la BFH a joué un rôle important. À côté de ces grands congrès, on peut également mentionner la Journée de la construction en bois de Bienne, qui s’est fait une place ces dernières années auprès des spécialistes, si bien qu’elle attire désormais plus de 500 participants. Notons qu’on y croise un nombre croissant d’investisseurs.

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