«Nous menons des travaux exploratoires importants pour le secteur de la construction en bois»

Par rapport aux approches usuelles, les méthodes numériques permettent de simplifier et d’affiner le relevé architectural des bâtiments existants, puis d’accélérer la planification et la réalisation des travaux. Dans le cadre d’un projet de recherche de la BFH, Mareike Vogel et Nicolas Seidlitz cherchent des solutions pragmatiques pour le secteur de la construction en bois.

2>Monsieur Seidlitz, vous avez emmené en Transylvanie (Roumanie) des étudiant-e-s d’architecture et de génie civil à la BFH. À l’aide de drones et d’appareils de balayage laser, vous y avez procédé au relevé d’une église fortifiée. Avez-vous fait de bonnes expériences?</2>

Nicolas Seidlitz: Oui, tout à fait. Nous avons pu poursuivre deux buts simultanés. Avec l’église d’Ungra, c’était la première fois que nous osions nous attaquer à un bâtiment d’une telle taille. De plus, nous tenons à intégrer à notre enseignement des thèmes tirés de la recherche et du développement, et vice versa. L’école d’été était idéale de ce point de vue, car le relevé numérique des bâtiments existants va jouer un rôle de plus en plus important dans l’architecture et le génie civil.

Le relevé numérique a-t-il fait ses preuves?

Nicolas Seidlitz: Tout à fait! Nous avons beaucoup appris, notamment en ce qui concerne les questions suivantes: Dans quelle mesure est-il nécessaire que les photographies ou les images réalisées par balayage se chevauchent? Quel est l’éclairage optimal? Quelle influence les personnes qui se déplacent exercent-elles sur les images? Ce n’est cependant qu’une fois l’analyse des données terminée que nous saurons dans quelle mesure le relevé numérique a vraiment constitué une bonne solution dans le cas de l’église fortifiée d’Ungra.

Quelle a été la principale difficulté rencontrée?

Nicolas Seidlitz: La taille de l’objet. Avec un objet plus petit, un vol de drone suffit. Les images proviennent alors toutes du même moule. Mais pour un bâtiment de 36 mètres de long, il faut combiner les clichés de plusieurs vols.

Quels sont les avantages du relevé numérique des bâtiments par rapport aux méthodes manuelles usuelles?

Mareike Vogel: Il permet de relever rapidement et en détail des objets complexes, ce qui est susceptible d’accélérer nettement toute la procédure de relevé et de fabrication. Cette technique est particulièrement avancée dans la construction de machines: le relevé numérique permet d’y représenter des objets finement structurés.

2>Dans le cadre d’un projet portant sur l’assainissement des bâtiments en bois à l’aide des technologies numériques, financé par le Fonds pour les recherches forestières et l’utilisation du bois de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), vous étudiez actuellement la chaine de processus numérique pour le secteur du bois. Où identifiez-vous le potentiel le plus important?</2>

Mareike Vogel: Nous nous concentrons actuellement sur les constructions historiques en bois. Lorsque celles-ci doivent être consolidées ou assainies, il est nécessaire de renforcer ou de remplacer certains éléments. En fonction de la complexité de la situation, il peut être très astreignant de mener toute la procédure à la main. C’est là que nous pensons que le recours à une chaine numérique peut améliorer les choses. Les données du relevé du composant architectural concerné sont préparées à l’aide d’un logiciel de CAO, ce qui permet de produire un élément de remplacement ou de renforcement parfaitement adapté. Dans le cadre de notre projet, nous recherchons, pour le secteur de la construction en bois, un logiciel de CAO grâce auquel les données du relevé numérique peuvent être travaillées. Les logiciels usuels de ce type présentent encore certains défauts. Les processus ne peuvent être améliorés et accélérés qu’avec un programme approprié.

En quoi consiste concrètement votre travail dans ce projet?

Mareike Vogel: Il s’agit d’un vaste travail de recherche d’information: qui fabrique des appareils de relevé, quelles techniques de mesure proposent-ils et comment peut-on les appliquer à un objet concret? Par ailleurs, nous ne cherchons pas un logiciel de niche, qui demanderait d’énormes investissements et de longues heures de mise en route, mais plutôt une solution universelle facile à utiliser.

Le projet s’achèvera en mars 2019. Aurez-vous trouvé une telle solution d’ici là?

Mareike Vogel: Nous menons en tous les cas des travaux exploratoires importants pour le secteur de la construction en bois. Nous nous sommes familiarisés avec plusieurs instruments, grâce auxquels nous avons pu procéder à diverses étapes de traitement à l’intérieur du processus global. Nous proposons en outre un guide qui présente aux entreprises concernées les différentes techniques disponibles actuellement, en indiquant quelles offres recèlent le plus grand potentiel. Nous verrons alors comment tout cela continue.

Avez-vous déjà des idées?

Mareike Vogel: Oui, bien sûr! Nous pourrions par exemple affiner le relevé numérique ou la reproduction d’assemblages pour la construction en bois, en collaboration avec une entreprise du secteur, par exemple dans le cadre d’un projet de recherche mené avec Innosuisse. Ou nous pourrions élaborer des solutions spécifiques à ce secteur en coopération avec un fabricant d’appareils de numérisation. Nous ne savons pas encore dans quel sens les choses vont évoluer.

Qu’est-ce qui vous fascine personnellement dans ces recherches sur le relevé numérique?

Mareike Vogel: Je trouve passionnant de voir comment de petits appareils fournissent un résultat visuel très proche de la réalité, qui peut être utilisé de nombreuses manières. En ce qui concerne le relevé par drone, la photogrammétrie me fascine particulièrement sur le plan technique. Les photographies d’objets effectuées par drone sont introduites dans un logiciel de photogrammétrie qui le convertit en structure tridimensionnelle.

Et pour vous, M. Seidlitz?

Nicolas Seidlitz: Mes expériences en matière de relevé numérique des bâtiments sont étroitement liées à l’école d’été, et c’est de là aussi que provient ma motivation: en très peu de temps, il est possible de faire des relevés très précis qui peuvent ensuite être traités depuis n’importe où. Et pour l’analyse, il existe de nombreux logiciels: je trouve passionnant de rechercher le plus approprié. Les échanges avec les étudiantes et les étudiants, qui ont contribué aux différentes étapes du processus avec beaucoup d’enthousiasme, ont aussi été très enrichissants.

Mareike Vogel
Wissenschaftliche Mitarbeiterin im Kompetenzbereich Holzbau, Bauen im Bestand und Denkmalpflege BFH
Nicolas Seidlitz
Assistent im Kompetenzbereich Brandsicherheit und Bauphysik
BFH